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Escrime - Blaise Frères

Blaise Frères : le savoir-faire de l’escrime

Samedi 24 juillet 2021, Tokyo, ultime assaut. Dans un Makuhari Messe, on l’espère, chauffé à blanc, un infime espace sépare deux sabreurs, deux épéistes, de leur rêve olympique.

Ils ignorent peut-être qu’au bout de leur bras, le mètre d’acier souple comme un roseau, solide comme un roc, tendu vers l’adversaire, prêt à ployer sous le choc, a été forgé ici, dans la Métropole. Les plus fines lames mondiales sont en effet produites par une entreprise chambonnaire plus que centenaire, devenue au fil des ans le leader mondial des lames de compétition : Blaise Frères. Une entreprise que rien ne prédestinait à truster les podiums mondiaux…

Car lorsqu’elle naît en 1885, dans un territoire où les forges poussent comme des champignons, c’est d’abord pour produire des outils en tout genre. Des milliers d’outils agricoles, ciseaux à bois et autres outils à mains sortiront ainsi de ces ateliers durant des décennies. Dans les années 60 s’amorce un premier virage. L’entreprise se met à forger des pièces longues, notamment des cannes à pêche en acier carbone, utilisées pour la pêche à la mouche. Déjà solides, ses produits gagnent alors en souplesse, et le savoir-faire de Blaise Frères s’affine. Au cours de la décennie suivante, elle crée ainsi ses premières lames.

« Il y avait beaucoup d’accidents d’escrime à l’époque, certains pouvant être mortels » explique Daniel Cheynet, dirigeant de Blaise Frères depuis 2008. « La fédération internationale a alors mandaté un laboratoire pour trouver une matière qui soit plus adaptée à la fabrication des lames. Elle va opter pour le maraging, un alliage à très haut niveau de résilience, capable de fortement se déformer et de retrouver sa forme originelle. Ce laboratoire s’est ensuite tourné vers Blaise Frères pour fabriquer ces nouvelles lames. C’est ce qui a donné l’essor à l’entreprise, qui a acquis un véritable savoir-faire à travailler cet alliage. »

Blaise Frères

« Nous sommes leader mondial sur notre créneau »

Entreprise de pointe

Aujourd’hui, l’entreprise fabrique 120 000 lames par an, essentiellement pour la compétition. « Nous détenons plus de 90 % de part de marché, sommes le leader mondial sur notre créneau, et équipons plus de 95 % des tireurs dans le monde, représentant quasiment toutes les nations d’escrime. »

Sponsor de l’équipe de France, l’entreprise réalise des lames aux performances et aux caractéristiques plébiscitées, et il n’est pas rare de croiser dans ses murs quelques anciens et futurs médaillés…

Ah bon ?

Le maraging, alliage utilisé pour la forge des lames d’escrime, a été mis au point pour les trains d’atterrissage des avions de chasse. Il est aujourd’hui utilisé dans l’aéronautique pour fabriquer toutes les pièces fortement sollicitées.

« Nous recevons assez régulièrement des tireurs de l’équipe de France pour qu’ils nous livrent leurs envies, leurs ressentis. Et nous adaptons nos produits à leurs attentes. »

Parmi eux, la pentathlète Stéphanoise Élodie Clouvel, qui traquera l’or à Tokyo : « j’ai toujours utilisé des lames Blaise Frères, mais c’est la première fois, cette année, qu’ils feront pour moi du sur-mesure. Au plus haut niveau, la victoire se joue sur des détails et avoir un bon matériel est un plus qui peut faire la différence. Blaise Frères fait de la haute couture dans son domaine. »

Un travail de haute couture permis par une main d’oeuvre d’exception. « Notre process est mécanisé mais est avant tout basé sur le savoir-faire de l’homme » assène Daniel Cheynet. « Former un ouvrier nous prend entre un à trois ans et fabriquer une lame nécessite entre 40 et 50 opérations. »

Pour maintenir la qualité de ses produits, tout en améliorant les conditions de travail de ses ouvriers, l’entreprise fait constamment évoluer ses procédures, et investit sans cesse dans son outil de production. « En 10 ans, nous avons injecté plus de 5 millions d’euros dans le développement de nouvelles machines, et nous en investirons encore 700 000 € cette année. »