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Guillaume Millet

Guillaume Millet : la fatigue, traiter le mal par le mal

Chercheur et ancien ultra-traileur de 52 ans, Guillaume Millet dirige la chaire ActiFS (Activité Physique, Fatigue, Santé – qu’il a créée) depuis fin 2018, et le laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM) depuis septembre 2020.
Son objectif : percer les mystères de la fatigue, et mettre à bas les idées reçues……

Qu’est-ce que le LIBM, et qu’est-ce que la chaire ActiFS ?

Le LIBM c’est 130 enseignants chercheurs, médecins, ingénieurs, doctorants et post-doctorants sur Saint-Etienne, Lyon et Chambéry, travaillant presque exclusivement sur les neurosciences, la physiologie ou la biomécanique des activités physiques et sportives. Et la chaire ActiFS, c’est 25 chercheurs qui travaillent sur le sujet de la fatigue et la santé en lien avec l’activité physique. En deux mots, nous cherchons à comprendre les mécanismes de la fatigue et les remèdes possibles à y apporter, principalement basés sur le mouvement.
Car même si c’est contre-intuitif, bouger est une bonne solution pour diminuer la fatigue.

 

Pour être moins fatigué, il faudrait donc… se fatiguer ?

C’est ça : pour sortir de la fatigue, il convient de briser le cercle vicieux selon lequel plus je me sens fatigué, plus je vais adopter un comportement sédentaire, qui va me faire perdre de la masse musculaire et de l’aptitude cardio-respiratoire, ce qui va au final renforcer le sentiment de fatigue. Et donc m’inciter à me reposer, alimentant le processus… Contrairement aux idées reçues, pour sortir de la fatigue, il faut donc faire de l’activité physique. Ça fonctionne presque à chaque fois.

 

Vive le sport alors !
Vive l’activité physique au moins.
Il faut distinguer le sport, qui est une activité régulée et que l’on va souvent pratiquer dans un but de performance, et l’activité physique, qui consiste simplement à augmenter sa dépense énergétique. Jardiner, marcher, jouer dehors avec ses enfants et même faire le ménage sont des exemples d’activités physiques non sportives.

Guillaume Millet

Guillaume Millet

Professeur à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, membre de l’Institut Universitaire de France.

Existe-t-il une règle commune, un temps minimal d’activité pour en ressentir les effets bénéfiques ?

On peut être fatigué pour des raisons très différentes, il convient donc d’apporter des solutions adaptées en termes de recommandations. C’est l’un des axes majeurs de nos recherches : être capable d’individualiser la réponse. Si l’activité physique est un médicament, il s’agit d’en déterminer la bonne posologie c’est-à-dire la bonne activité à la bonne dose en
fonction des spécificités de chacun et éventuellement les effets indésirables.
Mais d’une manière générale, on peut tout de même retenir qu’il n’y a pas de gestes inutiles. Il est prouvé que même 10 à 15 minutes d’activité par jour produisent une amélioration significative de la fatigue et de la santé en général.

 

Saint-Étienne est-elle en pointe dans ces recherches ?

Nous disposons à l’IRMIS (Institut régional de médecine et d’ingénierie du sport), sur le Campus Santé Innovations
(site de l’hôpital Nord), d’équipements de pointe pour étudier les aspects biologiques, biomécaniques, cellulaires. Et il existe dans notre ville, depuis près de 50 ans, une vraie tradition de physiologie de l’exercice, les études sur les sportifs bénéficiant aux patients. J’ai travaillé 5 ans à Calgary au Canada, dans l’un des meilleurs laboratoires du monde,
et même là-bas ils n’ont pas un tel écosystème. Cette proximité entre la science et la médecine et cette capacité à examiner l’être humain en mouvement à différentes échelles est une vraie originalité en Europe.

 

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