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Station de traitement de l'eau

En immersion dans une station de traitement de l’eau

Si la goutte d’eau issue du nuage est -en théorie- potable, son trajet jusqu’au sol a été pour elle une occasion en or de se charger de tout un tas de polluants.

Dans l’atmosphère, elle a fait ami-ami avec les différents polluants qu’elle a pu croiser (dioxyde de carbone, oxydes d’azote et dioxydes de soufre issus notamment de la circulation automobile et de la combustion des énergies fossiles, etc.). Une fois à terre, elle a continué sa démarche amicale en absorbant métaux, bactéries et autres micro-organismes présents sur son passage, qui ont définitivement achevés de la rendre impropre à une consommation immédiate.

Aussi, avant d’être injectée dans le réseau d’eau potable, l’eau issue des barrages subit un traitement complet et complexe dans une station de potabilisation. On s’est levé tôt (qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour vous quand même ?!) pour y faire un tour, et tout vous raconter…

Contrôle de la qualité de l'eau

Ah bon ?

Évaluer la qualité de l’eau n’est pas qu’une affaire de pipettes et de microscopes. Comme pour les parfums, il existe des « nez » : des personnes spécialement formées pour goûter et sentir l’eau, juger de sa qualité et identifier d’éventuelles saveurs indésirables.

Ça gaze

Rendez-vous est donné à la station de Layat, qui traite chaque année plus d’un million de m3 d’eau issue du barrage de la Rive. Et là, tout commence avec l’imposante conduite qui achemine l’eau du barrage (qu’on appelle « l’eau brute ») vers la station. À peine les « eaux brutes » ont-elles fait leur apparition qu’elles sont transformées… en eau gazeuse ! On y injecte en effet de l’eau chargée en CO² et du « lait de chaux », qui n’est rien d’autre que de l’eau mélangée à du calcaire issu de carrières.

Le but de la manœuvre ?
Baisser l’acidité de l’eau pour commencer à la rendre potable et surtout éviter qu’elle n’abîme les réseaux. À ce stade, l’eau est également analysée pour évaluer sa qualité et adapter le traitement. Car la qualité des eaux brutes évolue beaucoup ! À l’automne notamment, on observe un basculement des eaux dans les barrages : du fait du changement de température, l’eau en surface, plus froide, va avoir tendance à tomber au fond, faisant remonter l’eau jusque-là restée en profondeur. C’est donc cette dernière, moins oxygénée, plus chargée en fer et en manganèse, qui sera injectée dans le réseau. Pour neutraliser ces matières, on peut alors être amené à injecter du dioxyde de chlore, qui aidera à les neutraliser au cours des prochaines étapes.

Au fond la forme

Deuxième étape justement : le décanteur. L’eau est mélangée à un produit coagulant, qui va s’accrocher aux particules en suspension et, selon la qualité de l’eau constatée en entrée de station, à du charbon actif en poudre, qui permet de piéger les matières organiques et les produits chimiques éventuellement détectés. L’eau est ensuite envoyée dans un énorme décanteur, où coagulant et charbon actif vont entraîner les matières indésirables vers le fond. Une fois l’eau débarrassée de ses principales matières indésirables, elle est conduite vers de grandes cuves remplies d’une épaisse couche de sable fin : les bassins de filtration.
L’eau va mettre près d’un quart d’heure à traverser ce plancher de sable, se débarrassant au passage des plus fines particules qui auront résisté à la terrible épreuve du décanteur (qui suffit à éliminer 80 % d’entre elles).

Durée de l'eau en station

Chlore le sujet

L’eau, déjà, a bien plus fière allure. Reste une opération à effectuer : la chloration. Pour désinfecter l’eau, éliminer
les bactéries qui pourraient s’y trouver, du chlore est injecté en toute fin de traitement. Lorsque les réseaux sont particulièrement longs et que l’eau est susceptible de rester quelques jours dans les tuyaux, un ajout de chlore peut également être effectué plus tard, directement dans les réservoirs disséminés sur le territoire.
Le traitement de l’eau touche alors à sa fin. En tout, elle aura passé entre trois et quatre heures dans la station, pour être
débarrassée de ses matières en suspension, son acidité, ses éventuels polluants, etc. et devenir propre à la consommation.

Contrôle continu

Tout au long de son circuit, l’eau est contrôlée au moyen d’une batterie de capteurs : analyse de la quantité de matières organiques, du pH, de la quantité de matières en suspension, de la conductivité pour détecter la présence d’éventuels produits chimiques, etc. En plus, l’eau est analysée en sortie de station.
Fer, manganèse, aluminium sont traqués, et pH, couleur et turbidité notamment, sont scrutés au moyen de capteurs automatiques et de tests manuels.