Développement durable : sensibiliser sans angoisser

Saint-Étienne Métropole figure parmi la soixantaine de collectivités publiques qui ont rejoint le collectif national « Une planète pour tous », initié par Gaël Derive, expert du dérèglement climatique.

Dans ce cadre, une centaine d’écoliers métropolitains ont déjà participé à des actions de sensibilisation pour relever le grand défi du réchauffement de la planète et accélérer la transition verte. On a assisté à l’une de ces actions, une visioconférence avec Gaël Derive, à l’école du Valjoly à Sorbiers…

29 mars – 8 h 50

Le petit exercice de français auquel est soumis la vingtaine d’élèves de la classe de CM2 de Claudine Melin touche à sa fin. Les ardoises s’agitent tandis que l’enseignante corrige les éventuelles fautes d’orthographe et explique les règles au tableau. Ou plutôt « tente d’expliquer » car si les bases du français ne sont pas encore maitrisées par toute la classe, la lecture de l’heure, elle, n’échappe à personne.
L’horloge indique que dans moins de 10 minutes, il faudra se connecter à Internet pour appeler Gaël Derive. « Ils sont excités comme des puces », glisse Claudine Melin.

Voilà déjà plusieurs semaines que ces enfants préparent l’entretien en visioconférence qu’ils vont avoir avec ce docteur en sciences mais aussi écrivain et réalisateur. L’homme est l’un des experts français les plus actifs et les plus engagés sur les questions du dérèglement climatique. Les petits Sorbérans ne le savent pas mais il a travaillé dans de prestigieux laboratoires de recherche scientifique sur les thématiques propres à la planète Terre (glaciologie, hydrologie, climatologie, biosphère…). Pour eux, Gaël Derive est simplement le monsieur qu’ils ont vu dans six films d’une quinzaine de minutes tournés en différents points du globe (Canada, Bangladesh, Éthiopie, Sibérie…) et visionnés depuis la plateforme uneplanetepourtous.fr. Avec un point commun : une problématique locale concrète liée au changement climatique.

8 h 59

«Ça y est. On le voit », s’enthousiasment plusieurs enfants qui ont parfois du mal à rester assis sur leurs chaises. Le brouhaha monte doucement. Projeté sur le tableau blanc de la salle de classe, le visage souriant de Gaël Derive apparaît.
Immédiatement, les bras se lèvent. Chacun veut lui faire coucou, les « Bonjour » fusent. « Bonjour les enfants, bonjour Claudine », répond Gaël Derive derrière son écran, à Grenoble. À Sorbiers, c’est à celui qui parviendra à se montrer le plus intéressant devant la petite caméra installée sur l’estrade.

« Il va falloir se calmer un peu et se concentrer sur ce que nous dit Gaël et pas sur nous, prévient la maîtresse. Vous vous souvenez des questions que vous vouliez poser et que nous avons préparées ? Combien de temps êtes-vous resté dans les pays que vous avez visités ? Qu’avez-vous mangé ? Vous vous rappelez le film où on le voit manger du phoque… Où dormiez-vous ?… Qui veut poser la première question ? »
Deux secondes de calme et puis la main de Jules qui se lève un peu plus vite que celles de ses camarades. Sa maîtresse l’autorise à prendre la parole : « Est-ce que tu prenais ta douche tous les jours ? » « Tous les jours ? Non parce que c’est un bien précieux, il ne faut pas gaspiller, explique l’expert du climat. Vous avez vu sur le film en Éthiopie par exemple. Il faut parfois faire plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau. Et je peux aussi vous dire que chez moi, je n’ai pas de bain. Toute la famille prend des douches courtes. »

9 h 15

Les questions suivantes portent sur les conditions d’organisation des tournages  : « Comment voyageais-tu ? – En avion pour les grandes distances mais avec un principe de reforestation, et à vélo ou à pied, sur place », « Comment faisiez-vous pour vous parler et vous comprendre ? ».. avant qu’Inès n’interroge son interlocuteur sur son passé et son expérience.
« Cela fait plus de 20 ans que je travaille sur le changement climatique. Les films que vous avez vus sont destinés à vous faire comprendre comment chacun vit sur la planète. Quand il fait – 20 degrés en Arctique ou quand la chaleur assèche tout en Afrique… Comment chacun s’adapte et quelles sont les conséquences de nos gestes quotidiens… »
« Tu mangeais toujours la même chose », demande Melvin ? « La plupart du temps oui. Du riz essentiellement au Bangladesh par exemple parce qu’ils en produisent beaucoup. Mais quand vous mangez des produits qui poussent à côté de chez vous, vous évitez de la pollution. Et donc du réchauffement climatique car la pollution renforce l’effet de serre qui bloque les rayons du soleil qui devraient repartir dans l’atmosphère. Avec la fonte des glaciers et la montée des eaux ensuite… je sais que vous avez réalisé des expériences sur ces phénomènes. L’effet de serre lié aux activités humaines a déjà provoqué une augmentation de la température de 1°C partout sur la planète. »

9 h 35

L’attention des enfants se dissipe. Il est l’heure de se quitter. Les élèves promettent à Gaël Derive de lui envoyer la chanson et le clip qu’ils préparent sur la pollution avec le groupe ligérien Les Tempiliers « pour sensibiliser les élèves mais aussi leurs familles », glisse
Claudine Melin. « Non à la pollution », scandent les élèves en brandissant le slogan écrit sur leurs ardoises. Tout sourire, pouces levés, Gaël Derive vient de disparaître du tableau.