Samuel Roche, fabricant de sangles techniques
Dans le vaste atelier, les métiers à tisser bourdonnent sans relâche, alimentés par d’imposantes bobines dont les fils sont méticuleusement triés et individualisés.
À quelques mètres de là, dans une seconde salle, les ouvriers s’affairent autour d’une machine de teinture.
Blanches, vertes, violettes, grises, noires, bleues, jaunes… Étroites, moyennes, larges, à déchirures… Rangées dans des cartons, stockées sur des palettes ou en cours de production, les sangles sont partout et de toutes sortes.
Plus de 40 millions de mètres de sangles
En un an, ce sont plus de 40 millions de mètres qui sortent des ateliers de l’entreprise Samuel Roche. On les retrouvera dans le secteur de la construction et du BTP, dans les avions d’Air France ou de Lufthansa, dans les kits de via ferrata commercialisés par Décathlon… et jusque dans l’espace, puisque le Centre national
d’études spatiales les utilise lui aussi !
Plus d’un siècle d’expérience
Héritière de l’historique savoir-faire stéphanois en matière de rubanerie, l’entreprise désormais installée à La Ricamarie a su évoluer avec son temps. Une caractéristique qui lui vaut d’être aujourd’hui mise en avant dans l’exposition « La Mécanique de l’art » du Musée d’art et d’industrie.
Créée en 1910 par Samuel Roche (qui n’ira pas chercher le nom de sa société très loin !), cette manufacture a produit pendant de nombreuses années, dans ses ateliers de Bellevue, des rubans de soie utilisés entre autres par l’armée. Elle a orienté peu à peu sa production vers des sangles en fibres synthétiques pour l’industrie, avant de se lancer au début des années 70 dans la confection de ceintures de sécurité – elle cessera cette partie de son activité en 2010.
Spécialisation dans les sangles techniques
« Depuis cette date, nous nous sommes recentrés exclusivement sur les sangles techniques. Nous les vendons au kilomètre à des entreprises spécialisées dans la confection de systèmes d’arrimage et de levage, de harnais de sécurité, de filets pour l’aéronautique ou encore de sangles en kevlar résistant à de hautes températures », détaille Cyrille d’Onofrio, ancien directeur commercial de la société ayant racheté Samuel Roche en 2011 avec son associé Frédérick Riou.
Un développement à l’international
Si, historiquement, l’entreprise était tournée vers le marché national, elle s’est depuis 2003 attaquée à l’international. Une orientation qui s’est accélérée depuis 2010. Aujourd’hui, Samuel Roche réalise plus de 70% de son chiffre d’affaires à l’export, avec des clients originaires de l’ensemble des pays d’Europe, notamment du sud,
mais aussi des États-Unis et du Mexique.
Ces choix stratégiques ont porté leurs fruits : de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, la société est passée à plus de 22 millions l’année dernière.
Sanglé comme jamais
Leader européen dans son secteur, l’entreprise stéphanoise est cependant confrontée à une rude concurrence venue des pays de l’est et surtout de Chine. « Nos
coûts de production ne cessent d’augmenter, les prix de l’énergie explosent et il nous est impossible de nous aligner sur les prix pratiqués par les concurrents asiatiques », résume Cyrille d’Onofrio.
Malgré une légère baisse d’activité en 2023, Samuel Roche sait pouvoir s’appuyer sur ses points forts.
Ses atouts : le service et le relationnel
« Voilà ce qui fait notre différence. Si aujourd’hui quelqu’un m’appelle en me disant qu’il lui faut 40 000 mètres de sangles dans 3 jours, nous sommes en mesure de les produire et de les expédier dans le délai imparti. Nous ne fabriquons pas ce qui nous arrange, mais ce qui arrange le client . »
Rachetée en juin dernier par le groupe français Fauchille, l’historique société stéphanoise se sait conçue pour durer : « Quel que soit le contexte économique, je ne suis pas inquiet : il y aura toujours une place pour nous ! », conclut Cyrille d’Onofrio.