Histoire d’assainissement à Saint-Étienne Métropole
Cet été, nous vous présentions le trajet de l’eau, depuis le milieu naturel jusqu’à votre robinet, et l’implication de la Métropole dans ce périple.
En ce mois de novembre, on boucle la boucle en vous présentant cette fois-ci le trajet retour de l’eau, depuis votre robinet jusqu’au milieu naturel et, plus globalement, les actions de la Métropole en matière d’assainissement…
Ce matin, en me brossant les dents, je songeais. Cette petite noix de dentifrice, ce morceau de batavia jusqu’alors coincé entre mes dents, qui ont tous deux chu dans mon lavabo, que vont-ils devenir ?
Je vais actionner mon robinet, une eau propre va en jaillir, ils vont se faire engloutir, disparaître dans le siphon, mais pour aller où ? Au bout du tuyau, tout au bout, c’est le milieu naturel : une rivière, plus loin un fleuve, et au bout la mer, l’océan. Mais avant ? On ne peut pas rejeter directement ces eaux souillées, pleines de fluor, de potassium, de bicarbonate de sodium, de colorants, et de ce bout de salade, directement dans l’environnement.
D’autant que, d’une manière plus générale, les eaux qui partent de mon domicile (et du votre !) ne charrient pas que du dentifrice, mais aussi des selles, des produits vaisselles, ménagers, d’hygiène, de lessive…
Ainsi, si l’eau qui arrive dans nos logements et sort du robinet est propre, celle qui en repart et dévale les tuyaux, elle, est sale. Il faut donc la laver avant de la rejeter dans le milieu naturel. Et sur le territoire, c’est la Métropole qui est chargée de cette mission délicate.
L’assainissement en chiffres
habitants
C'est le nombre d'habitants que la plus grande station d'épuration est capable de traiter
M€
C'est le montant de l'investissement que la Métropole envisage de réaliser pour améliorer l'efficacité des systèmes d'assainissement.
stations
C'est le nombre de stations d'épuration que compte le territoire.
Les stations d’épuration
Posons notre brosse à dent et reprenons le cheminement. Dès votre siphon franchit, les eaux sales, qu’on appelle « eaux usées », sont canalisées vers des stations d’épuration (Step). Leur rôle ? Nettoyer l’eau, la débarrasser des huiles, graisses, micro-organismes, composés chimiques et divers polluants accumulés.
Saint-Étienne Métropole en compte 50, situées à proximité à la fois de cours d’eau et de zones d’habitations d’où sortent les eaux usées. La plus petite de ces stations d’épuration est capable de traiter les eaux de 30 habitants, et la plus grande, les eaux usées de… plus de 280 000 !
Mais si elles constituent un maillon majeur de la chaîne d’assainissement de l’eau, ces stations d’épuration n’en constituent pas l’alpha et l’omega.
À la Métropole on l’explique : « De plus en plus, on raisonne en système d’assainissement, qui désigne le couple réseau et station d’épuration. Si on veut optimiser les systèmes, il faut avoir des réseaux qui fonctionnent bien et donc qui amènent la pollution à la station, et des stations qui soient performantes. Ici, nous avons des stations d’épuration performantes, mais il nous arrive de rencontrer des difficultés de fonctionnement des réseaux, notamment par temps de pluie. »
Par temps de pluie ? Mais que vient faire la météo là-dedans ?
Quand vient la pluie
Pour le comprendre, il faut savoir qu‘historiquement il n’existait pas de distinction physique entre les eaux pluviales et les eaux usées, qui, après avoir été collectées, empruntaient toutes deux les mêmes conduits en direction des stations d’épuration. On parlait alors de réseau « unitaire ». Une option pratique, un seul conduit collectant les deux types d’eaux, mais pas forcément efficiente, les eaux usées se trouvant, en cas de pluie, diluées, ce qui réduit légèrement l’efficacité des traitements apportés en station d’épuration.
Surtout, lorsque les précipitations sont importantes, les eaux pluviales ont tendance à engorger les réseaux. Un phénomène favorisé par la géographie locale. Le territoire étant parsemé de reliefs assez marqués et de sols peu absorbants, les eaux pluviales ne sont pas « tamponnées » et se déversent très vite dans les réseaux. Et comme ces phénomènes pluvieux, eux-mêmes, ont tendance à être de plus en plus intenses, le phénomène est encore accentué.
Conséquence, par temps de pluie, le volume d’eau qui arrive dans le réseau peut vite être plus important que ce qu’il est à même de gérer. Le réseau est saturé. Pour éviter les débordements, le surplus d’eau est alors dévié par des « déversoirs d’orage » qui font office de soupape de sécurité, et dirigent le trop plein vers le milieu naturel.
Le hic, c’est que cette eau, qui n’est pas passée par la case station d’épuration, mêle une très grande quantité d’eaux pluviales, plutôt propres, mais aussi une petite quantité d’eaux usées, plutôt sales.
Lors d’épisodes pluvieux, le risque de rejet d’eaux usées directement dans les cours d’eau, et les risques de pollution qui sont associés, sont donc importants.
Pour limiter ces risques, la Métropole agit
D’abord en séparant les réseaux d’eaux pluviales d’un côté, et les réseaux d’eaux usées de l’autre, pour éviter l’engorgement. Mais, si elle est efficace, cette solution n’est pas duplicable partout.
Dans la plupart des bâtiments et centres anciens, aux constructions antérieures aux années 70-80, les réseaux sont unitaires.
Ils mêlent dès le logement eaux pluviales et eaux usées, rendant toute distinction impossible.
Deuxième solution : créer des bassins de stockage-restitution. Leur but ? Créer un effet tampon, absorber la hausse soudaine du niveau dans les réseaux en stockant les trop plein d’eau lors des épisodes pluvieux, et en les restituant progressivement dans le réseau une fois celui-ci désaturé.
Troisième solution, plutôt que d’acheminer la goutte d’eau de pluie dans des réseaux, tout faire pour la gérer là où elle tombe.
En clair, désimperméabiliser les sols pour leur rendre leur capacité d’absorption, et créer des aménagements pour retarder l’écoulement des eaux. La Métropole agit dans ces trois directions, dans la mesure du possible, et a passé ces dernières années la surmultipliée.
Entre 2020 et 2026, elle envisage de réaliser 115 millions d’euros d’investissement pour améliorer l’efficacité des systèmes d’assainissement (réseaux et stations). Un effort considérable, condition sine qua non pour améliorer l’efficacité de ses réseaux et préserver la qualité des rivières.
La Métropole investit pour améliorer l'efficacité des systèmes d'assainissement
Le mégot de cigarette, le fléau des eaux
Une clope fumée sur le pouce et le geste, beaucoup trop familier, de balancer le mégot dans le caniveau. Avec l’idée, sans doute, que la pluie se chargera de le faire disparaître… Mais où va-t-il terminer sa course ?
Si les réseaux sont unitaires, il risque fort de contribuer à les obstruer, et n’a qu’une petite chance de finir en station d’épuration, d’y être collecté et d’atterrir là où il aurait toujours dû être : à la poubelle.
Et si les réseaux sont séparés ? Le mégot ne passera pas par une station d’épuration et ira directement rejoindre… le milieu naturel, s’échouer sur une berge, souiller durablement les rivières, la mer. Il mettra plus de dix ans à se dégrader, polluant au passage 500 litres d’eau.
Chez vous comme dans la rue, les déchets, quels qu’ils soient, doivent donc être jetés à la poubelle !
Les lingettes, l’autre fléau
Il est des habitudes bien mauvaises, des gestes quotidiens qu’on pense anodins et qui sont de véritables catastrophes. Parmi eux, celui d’assimiler ses toilettes à des poubelles. Un problème particulièrement sensible avec les lingettes, qu’on trouve en quantité
considérable dans les réseaux. Résultat : celles-ci forment des bouchons, obstruent les canalisations, engorgent les pompes et ont obligé à plus de 1 500 interventions sur les réseaux en 2020, soit plus de 4 par jour.
On ne l’écrira donc jamais assez : hormis le papier toilette, pour le porte-monnaie et la Planète, on ne jette rien dans les toilettes !